dimanche 22 février 2015

Communiqué de la CGT Educ'53 après les attentats de janvier

Dans les heures ayant suivi les attentats perpétrés en France les 07, 08 et 09 janvier, la CGT Educ’action53 a dénoncé ces actes et s’est associée à toutes les marques de soutien. Par ailleurs, comme elle l’a du reste toujours fait par le passé, la CGT Educ’action53 continue de dénoncer avec force les manifestations de racisme et de haine, sous toutes leurs formes. De plus, elle déplore vivement les tentatives de récupérations plus ou moins avouées, de la part de partis politiques ou autres, qui profitant de l’émotion ressentie par tous, tentent de diffuser des messages qui ne contribuent qu’à diviser encore davantage la société.
À la suite de ces attentats, le Président de la République et la ministre de l’Éducation ont fait, tour à tour, des annonces sur les « valeurs républicaines », mais aussi sur l’autorité...
En martelant le mot « autorité » dans son intervention du 21 janvier, F. Hollande confond grossièrement autoritarisme et méthode pédagogique. Le lendemain, la ministre complète les propos du Président reprenant diverses mesures comme « l'enseignement moral et civique », la « nécessité de la maîtrise du français », la « réserve citoyenne d'appui aux écoles et aux établissements », la mise en place d'une « journée de la laïcité » et de la formation.
Pour la CGT Éduc'action, les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux. Non seulement elles occultent le fait que les enseignant-e-s se sont emparé-e-s depuis longtemps des questions de liberté et de laïcité, mais surtout elles laissent une nouvelle fois les personnels seuls face au sujet. Nous ne savons rien sur les moyens administratifs, techniques et humains ou sur les outils pédagogiques qui seront à la disposition des personnels pour lutter contre les discriminations et le racisme.
La CGT Educ’action53 rappelle que seules des réformes importantes pour réduire les inégalités sociales et de vrais moyens pour l’Éducation nationale toujours en première ligne, pourront permettre à notre société de dépasser ses divisions ….
Ces tragiques événements doivent aussi nous amener à questionner nos pratiques syndicales !
Nous payons aujourd’hui un long processus de dépolitisation et de désyndicalisation. Il y a encore vingt ans, les travailleurs étaient organisés et partageaient des pratiques culturelles et sociales d’entraide (dans les syndicats, dans les associations militantes, dans les clubs sportifs ouvriers…). Aujourd’hui ce sont des valeurs individualistes et marchandes qui éduquent nos enfants à la télévision, sur Facebook et sur les sites débilitants d’internet. 
L’extrême droite conservatrice (Front National, Frères musulmans…) et les fascistes (nationalistes révolutionnaires, réseaux affiliés à DAESH…) se développent car beaucoup de militants ont abandonné le réseau social et se limitent à multiplier les discours philosophiques sur internet ou dans des « réseaux de vie », repliés sur eux.
Cet affrontement purement moral et idéologique a démontré sa profonde inefficacité face au développement de l’extrême-droite en France depuis trente ans. 
Nous avons laissé le terrain social à l’ennemi et les syndicats s’adressent trop peu aux jeunes. Nous sommes, au titre de syndicat de l’éducation, en première ligne dans ce combat à mener.
Nous nous devons de reconstruire un mouvement syndical fort, dans le monde du travail mais surtout dans les quartiers populaires en réorganisant une solidarité de classe concrète !